Imaginée par l'artiste originaire de Montmagny Chantal-Jane Garant, l'installation Agir est constituée de 17 oies en aluminium montées sur des perches et aménagées en formation de voilier. Représentante emblématique de la ville de Montmagny, l'oie blanche est au coeur de cette magnifique allégorie qui rappelle la migration et l'appartenance, elle qui parcourt de longues distances pour trouver les conditions propices à sa survie, comptant pour cela sur le groupe dont les membres jouent chacun leur rôle, devenant tantôt pilote du voilier aérien, tantôt sentinelle sur la terre ferme.

C'est pour tisser des liens avec et entre les nouveaux Magnymontois d'origines étrangères tout en leur donnant une belle occasion de s'enraciner dans leur milieu d'adoption que l'artiste a proposé cette oeuvre collective. C'est dans cette même optique qu'elle a choisi de l'installer dans une zone très fréquentée, soit dans le secteur du marais de Montmagny.

Par l'entremise de Montmagny accueille, une organisation ayant pour mission de favoriser l'immigration dans la MRC de Montmagny, les nouveaux arrivants ont été invités à participer à cette création et à personnaliser les oies, leur attribuant des couleurs ou des motifs ethniques représentatifs de leur pays d'origine. Des Magnymontois de souche se sont également joints au groupe afin de créer un maillage complet. Tous les participants se sont ensuite impliqués dans l'implantation de l'oeuvre et dans son aménagement.

Rassemblées tel un mobile, ces oies multicolores et argentées reflètent les rayons du soleil et se déploient simultanément avec le vent comme les mouvements de la société et du monde!

Présentation de l'artiste-muraliste

Originaire de Montmagny, Yannick Picard est artiste-peintre, illustrateur et muraliste. Il a fait ses études en arts visuels, d'abord à Québec puis à l'Université du Québec à Montréal. Établi à Montréal depuis plus de vingt ans, l'artiste jouit d'une renommée internationale. Au cours des dernières années, il a réalisé de nombreuses murales extérieures de très grand format, dont l'une dans le cadre du symposium artistique international « Arte para todos », organisé en par l'ONU à Tegucigalpa au Honduras. Il a également créé plusieurs murales sur des édifices de Winnipeg et de Montréal, et travaillé à de nombreuses illustrations, en particulier pour United Parcel Service of America (service de messagerie et de livraison express UPS).

Les symboles historiques de la murale

LE CGS MONTMAGNY

Cette illustration représente le CGS Montmagny à l'ancre. Ce ravitailleur-baliseur avait comme rôle d'installer les bouées marquant les voies navigables sur le fleuve et de ravitailler les phares. En 1912, il a été dépêché afin de recueillir les corps des victimes du naufrage du Titanic. Ironie du sort, ce navire, qui sillonnait pourtant l'Estuaire et le Golfe du Saint-Laurent, a fait naufrage dans le chenal Beaujeu, en face de Montmagny, en 1914. Quatorze personnes de la région y ont péri, dont onze enfants.

LES INONDATIONS À MONTMAGNY

L'aménagement urbain, en bordure de la rivière du Sud et du Bras Saint-Nicolas, augmente les risques pour les résidents de subir les effets d'éventuels débordements. Plusieurs inondations marquent en effet l'histoire de la ville depuis le 19^e siècle. L'inondation survenue les 6 et 7 août 1981 est certainement l'une des plus dévastatrices que la population ait connue. Cette représentation évoque ici deux citoyens se déplaçant en canot sur l'avenue Saint-David au lendemain de cette catastrophe.

LA PÊCHE SUR LE FLEUVE

La pêche au fleuve a été identifiée comme un patrimoine immatériel propre aux Magnymontois. La pêche au bar rayé a longtemps fait le délice des pêcheurs sportifs et des cuistots. Malheureusement, cette espèce fait aujourd'hui l'objet d'une restriction de remise à l'eau due à l'épuisement de la ressource. L'esturgeon noir est également une espèce fort prisée et pêchée dans les eaux en face de Montmagny depuis le début de la colonie. Elle est reconnue pour sa chair délicieuse et fait l'objet d'une pêche commerciale. Ici, l'illustration représente le jeune Maurice Gazé exhibant fièrement un esturgeon tiré du fleuve au large de Montmagny dans les années 1940. Il est également possible de reconnaître la silhouette de son père, Joseph, à droite. Cette famille de cultivateurs-pêcheurs exploitait des installations de pêche à « rêts » (au filet) ainsi que de fascines à anguilles à l'ouest du bassin de Montmagny.

LE CANOT À GLACE

La pratique du canot à glace est issue d'une longue tradition liée aux échanges avec l'archipel de l'Isle-aux-Grues. Jusqu'au milieu du 20^e siècle, ce mode de transport véhicule était l'unique façon de transporter des passagers et des marchandises vers les habitations situées au milieu du fleuve. On peut imaginer tous les dangers qui étaient reliés à une telle traversée! Ce moyen de survivance s'est par la suite transformé en sport, popularisé dans la région notamment grâce aux performances des frères Lachance et d'équipes composées de Gruois. Plusieurs équipes de la région font partie encore aujourd'hui du circuit provincial. C'est pourquoi cette pratique est également reconnue comme un patrimoine immatériel magnymontois. L'embarcation ici représentée arbore les couleurs traditionnelles des embarcations de la région, soit le bleu turquoise et le blanc.

JOS LACHANCE

Personnage emblématique pour tout ce qui a trait au fleuve à Montmagny, Jos (Joseph) Lachance est né en 1921 à l'île au Canot comme les cinq autres générations de Lachance qui l'ont précédé. Au milieu du dernier siècle, il décide de quitter l'archipel afin d'établir sa famille à Montmagny. Pêcheur commercial, légendaire guide de pêche et de chasse à la sauvagine, marin et canotier émérite, il est également un renommé constructeur d'embarcations de pêche et de plaisance. Jos Lachance appartenait au fleuve et le fleuve appartenait à Jos Lachance. Il est décédé en 2018.

UNE MOTONEIGE?

Non, vous ne rêvez pas! Il s'agit bien d'une motoneige! Cependant, elle ne glisse pas sur la neige, mais bien sur l'eau du fleuve. Cette illustration rappelle un exploit réalisé le 3 août 1997 par le Magnymontois Pascal Buteau. Il a en effet réussi à traverser les 6 kilomètres d'eaux tumultueuses séparant L'Isle-aux-Grues de Montmagny en chevauchant sa motoneige devant plus de 2 000 spectateurs réunis dans le secteur du bassin. Les deux autres membres de l'épopée, Dominic Després et Guy Dorion, n'ont malheureusement pas réussi à le suivre. Avec cet exploit, il a fait les manchettes des quotidiens.

LE CAPITAINE DIOGÈNE COUILLARD-DESPRÈS

Diogène Couillard-Després fut commandant des bateaux à vapeur Alice et Polana, au service de la station de quarantaine sur la Grosse-Île en face de Montmagny. Ce pionnier de la navigation à vapeur sur le fleuve commanda également les brise-glaces Montcalm et Mikula, puis le vieil Eureka servant à l'embarquement des pilotes sur les transatlantiques à Pointe-au-Père. Durant onze ans, il fut à bord du bateau-lumière Relief lightship No. 25. Il terminera sa carrière sur le Loos, un bateau à vapeur voué à la surveillance des bouées du Saint-Laurent.

LE FLOTTAGE DU BOIS

L'exploitation forestière fut l'industrie la plus importante dans la région entre 1840 et 1930. La famille Price en était le principal entrepreneur dans les environs de Montmagny.

La Price Brothers and Company, se servait de la rivière du Sud pour acheminer des billots de bois provenant de la région des Appalaches jusqu'au bassin de Montmagny. Ces billots étaient équarris ou transformés au moulin situé de l'autre côté de la rivière ou chargés directement sur des barges depuis ce quai. La cargaison était ensuite acheminée aux navires de transport qui mouillaient à l'ancre dans le bassin.

LA FROMAGERIE DE L'ISLE

La plus importante fromagerie artisanale au Canada trône au cœur de L'Isle-aux-Grues, au large de Montmagny. La renommée de cette tradition est étroitement liée à l'agriculture, au microclimat et à la vie insulaire. Dès 1900, l'isolement exigeant de transformer le lait à l'Isle s'est rapidement transformé en produits d'une pure authenticité. C'est ainsi, dans la solidarité, que s'est bâti un savoir-faire aujourd'hui centenaire dans la fabrication artisanale de cheddars vieillis d'un extrême raffinement. Une fierté régionale !

En 2018, la Société coopérative agricole de L'île-aux-Grues fusionnait ses activités à la Coop Agrilait, elle-même sous la direction de la coopérative Avantis, le principal commanditaire de ce projet artistique. Depuis 1977, la coopérative a réussi à créer cette signature crémeuse, onctueuse et inimitable dorénavant recherchée par les épicuriens.

LA GRANDE OIE DES NEIGES

La Grande Oie des neiges, également dénommée oie blanche, est sans contredit le symbole aviaire le plus connu relié à l'environnement fluvial de notre coin de pays. Bien que le comportement et les habitudes de cet oiseau soient en mutation, plusieurs centaines de milliers d'individus continuent de fréquenter nos battures, pour se nourrir et se protéger, à l'automne et au printemps. L'occasion est donc bonne pour les chasseurs de s'installer dans des caches pour traquer le grand oiseau, mais aussi les autres espèces de la sauvagine qui accompagnent les troupeaux d'oies blanches sur les rives du fleuve.

LE FESTIVAL DE L'OIE BLANCHE

Le Festival de l'oie blanche a vu le jour en 1971 à la suite de la volonté des chasseurs de se rencontrer et de festoyer ensemble pendant la période de la chasse à la sauvagine. Pendant plusieurs décennies, il fut reconnu comme l'un des plus importants festivals au Québec ! Ambassadrices de l'évènement, les mascottes Pampan et Pampinot, ici représentées, ont fait la joie de plusieurs milliers d'enfants, jeunes et moins jeunes.